dimanche 22 octobre 2017

Hommage - Matt Groening

Avant de créer les désormais plus que célèbres Simpson, Matt Groening réglait ses comptes et régalait ses lecteurs (eh oui, ses lecteurs !) de strips désenchantés, cyniques et décalés, dans une série intitulée Life is Hell, que l'auteur publiait lui-même à ses débuts en 1977 (il n'y mit fin qu'en 2012). Beaucoup plus personnels et d'un niveau intellectuel nettement plus élevé que Les Simpson, ces strips sont marqués tout à la fois par la patte graphique de l'auteur, simplissime en apparence, caricaturale et très enfantine, et la profondeur des réflexions qui les traversent et saturent des cases parfois difficiles à lire tant il y a de bulles, de notes et de commentaires, à tel point qu'on a souvent l'impression de lire un journal intime. Et c'est probablement le but. C'est d'ailleurs là que réside selon moi tout l'intérêt de la chose. Matt Groening, quel que soit le sujet (la vie, l'amour, le travail, l'école ou l'enfance), touche souvent juste et son humour grinçant, s'il peut faire sourire, semble néanmoins avoir pour objectif principal de ramener son lecteur face à lui-même, de l'obliger à prendre de la distance et de le faire s'interroger sur le monde dans lequel il évolue, les êtres humains et, surtout, sa propre existence.

lundi 9 octobre 2017

Hommage - Grant Wood


American Gothic est probablement l'un des tableaux américains les plus connus aujourd'hui, au même titre que les peintures d'Edward Hopper. Lorsque Grant Wood décide en 1930 de peindre ce couple de paysans austères debout devant leur demeure néogothique - j'ai découvert il y a peu qu'il s'agissait en réalité d'un père et de sa fille mais ai décidé pour mon strip d'en rester à ma première impression -, l'Amérique est alors en pleine crise économique et les critiques en proposeront bon nombre d'interprétations, parfois contradictoires mais toujours en rapport avec leur temps. S'agit-il d'une satire de la société rurale américaine ou bien d'un hommage à cette dernière, avec ses traditions, ses valeurs et la dureté des caractères qui s'y forgent à la fourche comme au fourneau ? Cette famille est-elle en deuil, comme semblent le suggérer les rideaux fermés à l'étage en pleine journée (c'était la coutume à l'époque de l'Amérique victorienne), ou bien le peintre a-t-il décidé de faire le portrait symbolique d'une Amérique endeuillée par la perte de ses racines ?

Peu m'importe, au fond. J'aime ces visages durs au regard froid, cette maison sombre et sobre, ces couleurs ternes et cette composition dépouillée qui rend compte de la simplicité d'un temps tout à la fois plus simple et moins souple que le nôtre, où les vies humaines se réduisaient encore à l'essentiel. Et s'agissant d'agriculture, comment pouvais-je résister à la tentation d'y fourrer mes porcs et de détourner le tout par l'ajout des quelques cochonneries dont je suis désormais coutumier ? Quant à l'interprétation de mon interprétation de l'interprétation de Grant Wood, je suppose qu'on pourra toujours me reprocher le fait qu'on ne sache pas si c'est du lard ou du cochon. Et, comme vous pouvez vous en douter, je m'en accommoderait fort bien !