American Gothic est probablement l'un des tableaux américains les plus connus aujourd'hui, au même titre que les peintures d'Edward Hopper. Lorsque Grant Wood décide en 1930 de peindre ce couple de paysans austères debout devant leur demeure néogothique - j'ai découvert il y a peu qu'il s'agissait en réalité d'un père et de sa fille mais ai décidé pour mon strip d'en rester à ma première impression -, l'Amérique est alors en pleine crise économique et les critiques en proposeront bon nombre d'interprétations, parfois contradictoires mais toujours en rapport avec leur temps. S'agit-il d'une satire de la société rurale américaine ou bien d'un hommage à cette dernière, avec ses traditions, ses valeurs et la dureté des caractères qui s'y forgent à la fourche comme au fourneau ? Cette famille est-elle en deuil, comme semblent le suggérer les rideaux fermés à l'étage en pleine journée (c'était la coutume à l'époque de l'Amérique victorienne), ou bien le peintre a-t-il décidé de faire le portrait symbolique d'une Amérique endeuillée par la perte de ses racines ?
Peu m'importe, au fond. J'aime ces visages durs au regard froid, cette maison sombre et sobre, ces couleurs ternes et cette composition dépouillée qui rend compte de la simplicité d'un temps tout à la fois plus simple et moins souple que le nôtre, où les vies humaines se réduisaient encore à l'essentiel. Et s'agissant d'agriculture, comment pouvais-je résister à la tentation d'y fourrer mes porcs et de détourner le tout par l'ajout des quelques cochonneries dont je suis désormais coutumier ? Quant à l'interprétation de mon interprétation de l'interprétation de Grant Wood, je suppose qu'on pourra toujours me reprocher le fait qu'on ne sache pas si c'est du lard ou du cochon. Et, comme vous pouvez vous en douter, je m'en accommoderait fort bien !
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