Le deuxième dessin animé tiré de l'oeuvre d'Osamu Tezuka, j'ai nommé Astro Boy, plus connu dans nos contrées sous le nom d'Astro, le petit robot, est la première série dont je parviens à me souvenir, même si quelques bribes seulement restent accessibles à ma conscience. Je suis donc, vous l'aurez compris, amoureux depuis ma plus tendre enfance du style de celui qui est aujourd'hui considéré dans son pays d'origine comme le dieu du manga.
Pourtant je ne découvris les aventures imprimées du plus célèbre des petit robots, publiées de 1952 à 1968 au Japon, que tardivement, après m'être plongé dans La Vie de Bouddha, l'un de ses chefs-d'oeuvre, dont la scène d'ouverture, avec ce lapin généreux qui se sacrifie pour sauver un homme en se jetant dans les flammes, a su tirer de moi quelques larmes dès les premières cases, et Black Jack, une histoire tout à la fois sombre et légère inspirée de l'expérience de Tezuka dans le monde de la médecine au cours de ses jeunes années, notamment pendant la seconde guerre mondiale.
Traversé par l'obsession du maître pour le bien, le beau et le vrai, par son goût prononcé pour la parabole et par des références multiples à la culture occidentale (Astro est une sorte de Frankenstein ou de Pinocchio moderne soumis aux trois lois de la robotique imaginées par Isaac Asimov et son graphisme est un héritage direct des dessins de Walt Disney, les deux auteurs s'étant voué d'ailleurs une admiration mutuelle), le manga porte un message éminemment positif, ce que ne laissait pas nécessairement présager le titre japonais, Tetsuwan Atomu. Ce dernier dévoile en réalité toute la philosophie du maître : la technologie n'est en elle-même ni bonne, ni mauvaise, seule la manière dont on s'en sert pouvant se révéler comme telle (une idée que reprendra James Cameron, féru de mangas, dans la plupart de ses films et, surtout, dans ses deux Terminator). Mieux, il n'est pas d'expérience négative (en l'occurrence, la bombe atomique) dont on ne puisse tirer quelque enseignement pour l'avenir et, par conséquent, quelque chose de bon.
Bien entendu, l'ensemble a vieilli, sans compter que le mangaka visait avec son Astro le jeune public, ce qui peut donner à des adultes l'impression d'une certaine naïveté, tant dans le trait que dans les dialogues et la narration. Je trouve au contraire dans le charme désuet de ces petites histoires une innocence revigorante et retrouve un élan d'espoir qui semble avoir aujourd'hui déserté les esprits. Cet enfant-robot du futur, version japonaise des super-héros américains, prêt à tout pour faire triompher ce qu'il considère comme juste, ne nous fait-il pas savoir, par son existence même, aussi fictive soit-elle, que rien n'est impossible et qu'il faut avoir confiance en l'avenir, celui-ci n'étant au fond que ce qu'on en fait ? C'est à cet optimisme, en tout cas, que semblera répondre quelques décennies plus tard Katsuhiro Otomo dans Akira, un manga dont l'univers est tout aussi futuriste mais beaucoup plus noir...
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